Nécro Pierre Lechantre

PIERRE LECHANTRE,

PREMIÈRE «PIERRE PORTEUSE» D’AMFI, EST MORT

 

Pierre vient de passer dans la pièce d’à côté jeudi 16 avril à Tours ; cet « au-delà » qui est pour chacun d’entre nous la grande question de notre vie.

Une première « PIERRE » porteuse de notre communauté vient de tomber.

Nous ne verrons plus Pierre. Aujourd’hui nous  participons à la peine de sa femme Myriam et de ses trois enfants : Marc, Philippe, Simon et de ses petits-enfants.

Je souhaite surtout vous parler de ce que je ressens de vie dans ce que Pierre nous  a transmis et qui continuera à « fertiliser » notre association.

Au-delà de sa bio, présente sur ce site, il faut savoir que Pierre a fait partie des quatre premières personnes sollicitées par l’ambassade du Niger en 2002 pour aller donner la main à nos confrères et aux publications du pays.

Les journalistes, à l’image de leurs journaux étaient très pauvres. Ils pratiquaient la diffamation et la corruption.

Je ne connaissais pas Pierre, bien qu’il fût comme moi à La Nouvelle République. L’ambassade de France nous sollicitait pour mettre en œuvre la « rénovation » des programmes de formation de l’école de journalisme de Niamey conçus, trente ans plus tôt, par un coopérant et complètement hors sol.

J’ai sollicité Mario Corrado, directeur de la filière journalisme de l’IUT de Tours qui m’a donné son accord pour conduire ce projet mais à condition d’intervenir avec un enseignant-journaliste expérimenté : Pierre Lechantre. J’ai fait sa connaissance.

Il en est résulté une refonte profonde de l’école :  l’enseignement, la formation des enseignants et un accompagnement pédagogique de la mise en œuvre. Mais aussi, la rénovation des locaux et des moyens de formation.

Les soubresauts de la vie politique nous ont fait quitter le Niger où nous avons cessé toute action.

En 2005, les médias maliens instruits de cette expérience nous ont sollicité pour « revenir » à la manœuvre. Nous n’avions pas de structure juridique et pas non plus d’intervenants.

Nous avons créé avec ma femme Françoise, Pierre, Mario Corrado, Alain Thébaud et moi « Africamédias » en octobre 2005 qui devait devenir AMFI.

Pour concevoir un programme avec les médias il fallait aller à Bamako pour faire le premier audit de la situation des médias maliens. Ils étaient regroupés au sein de la maison de la presse du Mali.

Nous étions sans le sou. Pierre a fait le tour des élus tourangeaux qui nous ont subventionnés ; nous avons appelé à l’aide Renaud Donnedieu de Vabre, ministre de la Culture et l’IMT à Tours. Le budget réuni nous sommes partis avec Pierre et Alain Thébaud.

Nous avons pu mesurer combien les acquis de nos actions au Niger ont influencé notre vision stratégique, constitué nos fondamentaux jusqu’à maintenant fondé notre vocation sur le bénévolat et le transfert de compétences.

Par la suite, notre programme, renforcé d’année en année, a été financé par la Région Centre Val de Loire et de nombreux partenaires.

Pierre était depuis toujours le secrétaire général très apprécié de notre association et un intervenant très actif.

Il a fait quinze missions : trois au Niger, quatre au Mali, six à Madagascar et une en Union des Comores. Ce fut un formateur brillant et reconnu par tous ceux qui ont participé à son enseignement.

La suite de l’histoire vous la connaissez…elle vous est racontée ici.

L’amitié qui me lie à Pierre et à sa famille, fondée sur l’estime, la générosité et la solidarité, s’est renforcée dans l’action et dans la vie.

Je pense à lui avec plaisir, affection et reconnaissance pour ce qu’il a été.

Par David Bohbot 

Co-fondateur et ancien président d’Actions médias francophones

 

Témoignages…

Un formateur émérite

Il va nous manquer. Son humour pince-sans-rire, je m’en fais le chantre, va nous manquer. Mais c’est surtout son immense culture des faits divers de la vie, des arcanes de la justice, qui va manquer aux confrères et consœurs d’ici et de l’Océan indien.

J’ai vécu non loin de lui son intervention fondatrice aux Comores, sur ce thème si essentiel et délicat de la justice, et le travail effectué avec celle qui allait devenir la présidente d’AMF Comores, Mariata. Elle était motivée, transcendée, portée par les réflexions et informations de Pierre, par sa rigueur, par ses convictions d’un journalisme utile et garant de la vie démocratique. Il ne part pas sans laisser de traces.

Même forte impression dans ses interventions à Madagascar, où il a laissé de grands souvenirs professionnels bien sûr, mais aussi chez les plus humbles, à l’hôtel Niaouly où je me trouvais le jour de sa disparition, et où on se souvenait toujours de lui avec émotion, sans rien savoir encore, d’autant qu’il n’avait pas été pingre avec le personnel.

Chacun était grandi de l’avoir croisé.

Loïc Hervouet, Président AMFI

Pierre avait un secret…

Il ne voulait pas jouer au « Grand reporter » et pourtant il l’était. Pierre Lechantre qui nous a quittés trop tôt était de ces journalistes dont l’une des armes était…la discrétion. Sa méthode, efficace, pour obtenir une information.

Oui, il était discret pour être au bon endroit au bon moment. Discret pour susciter la confiance et décrocher la bonne information. Discret pour ne pas vouloir se mettre en valeur et susciter ainsi un esprit d’équipe. Pierre Lechantre ne jouait pas au grand reporter, il l’incarnait. Que ce soit dans les Deux-Sèvres, en Roumanie ou à Berlin peu après la chute du Mur, il savait enquêter et flairer la bonne information. Parce qu’il avait une recette : il écoutait vraiment, respectait ses interlocuteurs, travaillait en équipe. Les photographes du journal aimaient partir en reportage avec lui parce qu’il suscitait un esprit d’équipe. La NR a eu la chance d’avoir un grand reporter de cet acabit.

Dominique Gerbaud, Rédacteur en chef-adjoint pendant dix ans.